- Races génétiquement dangereuses ?
Après le décès de deux fillettes, le ministère de l'Intérieur a annoncé, en août et septembre, les mesures que le gouvernement compte prendre pour remédier au problème des chiens dangereux. La ministre Michèle Alliot-Marie envisage l'interdiction de certains croisements de races, à l'étonnement des vétérinaires comportementalistes, puisque ce sont les conditions d'élevage et d'éducation qui déterminent l'agressivité dans l'espèce canine. Aucune race n'est génétiquement dangereuse. D'application peu réaliste, cette mesure ne risque pas de faire diminuer le nombre de morsures.
Les conditions d'élevage déterminent le comportement
L'agressivité est un trouble du comportement chez le chien, domestiqué depuis des millénaires pour vivre aux côtés des humains Pour la première fois, un gouvernement fait un lien entre les conditions d'élevage et le comportement. Il veut renforcer les contrôles à l'importation de chiens des pays de l'Est. Enquêtant depuis des années dans les élevages de ces pays, One Voice souligne que les services de contrôle doivent disposer de moyens importants pour mener à bien leur mission : le gouvernement leur donnera-t-il ? Les chiots des pays de l'Est sont élevés par des métayers, « à la ferme ». Plus que des troubles du comportement, ils présentent très souvent des problèmes de santé, parfois mortels. Assainir ce marché limiterait la souffrance de milliers de chiots et d'adultes reproducteurs.
De plus en plus d'élevages industriels en France
One Voice regrette que la ministre ne s'intéresse pas aux élevages industriels français, fournisseurs des animaleries et de la vente par petites annonces, qui « produisent du chien » en quantité, avec un unique objectif de rentabilité, sans se soucier des notions élémentaires d'élevage, incluant le bien-être et la santé. Ces facteurs déterminent le futur comportement du chien, donc la sécurité des personnes qui le côtoient. De mauvaises conditions de développement pendant les deux premiers mois de vie du chiot provoquent des troubles du comportement, dont l'agressivité.
Manque de socialisation = danger
Dans les élevages intensifs, les chiens ne sont pas socialisés aux humains, aux bruits et aux odeurs de la vie de famille. Ils sont détenus dans des locaux isolés, ne permettant pas un développement comportemental normal.
One Voice constate une inquiétante augmentation des élevages intensifs de chiens en France et attire l'attention sur les troubles du comportement présentés par les chiots qui y naissent. Il ne faut pas oublier non plus la grande souffrance des femelles reproductrices confinées à vie dans l'obscurité. Lorsque ces troubles se traduisent par de la peur ou l'agressivité, ces chiots représenteront un danger pour leurs congénères et les personnes.
La délinquance canine est le fait du propriétaire
L'élevage par des éleveurs ou des particuliers n'est pas une garantie de sécurité. Lorsque les chiots vivent au fond du jardin, dans des cages ou à la cave, ils ne sont pas socialisés. Le gouvernement veut instaurer une formation pour les « propriétaires » de chiens de première et deuxième catégories. S'il est important d'éduquer la famille sur ses devoirs et sur le comportement canin, One Voice rappelle que la majorité des accidents graves sont dus à des chiens appartenant à des délinquants, sur lesquels les mesures envisagées seront sans effet.
L'inconscience et la maltraitance à l'origine d'accidents
Les accidents mortels survenus cet été sont dus à des chiens vivant dans la famille des victimes. Les mesures administratives imposées aux propriétaires des chiens dits dangereux n'ont aucun impact sur ces drames.
Ce sont les conditions de vie des chiens et l'attitude des personnes qui les côtoient influent sur leur dangerosité. Un accident mortel survenu cet été a été causé par deux dogues allemands jouant dans une cour avec une petite fille, sans surveillance d'un adulte. Il semblerait que ces chiens – deux mâles – ne sortaient jamais de cette cour… Deux rottweilers responsables d'un accident grave vivaient apparemment dans une cave ; leur propriétaire a menacé de les lâcher sur les journalistes venus enquêter. | |