LES PROPRIETAIRES DE MOLOSSES GROGNENT
Nouvelles directives obligent, les 1400 propriétaires de pitbulls, d'amstaffs et de rottweilers ont jusqu'à mardi prochain pour s'annoncer au Service vétérinaire cantonal. Or pour l'heure, seule une centaine d'entre eux a fait la démarche.
Sur la liste rouge vaudoise, trois races de chiens sont jugées «potentiellement dangereux» par le canton: pitbulls, amstaffs et rottweilers. On estime leur nombre à 1400, et selon les nouvelles directives en vigueur depuis le début de l'année, leurs maîtres ont jusqu'à fin juin pour s'annoncer au Service vétérinaire cantonal. Or jeudi soir, 114 propriétaires seulement avaient dûment rempli et renvoyé leur formulaire de trois pages.
Un chiffre qui témoigne de la grogne des détenteurs de molosses face aux exigences d'un Etat plutôt gourmand en renseignements: une attestation d'assurance en responsabilité civile, un extrait de casier judiciaire, des copies de pièces de légitimation officielles, du carnet de vaccination et de fiches d'inscription du chien doivent être joints au formulaire. «Je suis considéré d'avance comme un délinquant alors que je n'ai rien fait de mal», se fâche Yan, propriétaire de Zaya, rottweiler de 5 ans. «Les honnêtes gens souffrent de cette suspicion. Les malhonnêtes, eux, ne rempliront de toute façon pas cette paperasserie», affirme le jeune homme qui a déjà renvoyé son formulaire.
Gare à ceux qui ne l'auront pas fait d'ici mardi prochain: s'ils se font pincer, l'amende peut grimper jusqu'à 20 000 francs! Et au canton, on s'apprête à solliciter les communes pour débusquer les chiens non annoncés.
«Je connais un teckel plus agressif»
Les critères pris en compte pour établir la liste rouge irritent également les maîtres de molosses: «La loi n'est pas juste, affirme Cristiano, détenteur d'un dogue argentin. Mon chien ne fait heureusement pas partie de la liste, mais je ne comprends pas comment on peut affirmer que telle race est dangereuse et telle autre non. Je connais un teckel beaucoup plus agressif que mon dogue.»
«Et les bouviers bernois? s'interroge Yan. Ces cousins proches des rottweilers sont tout aussi puissants qu'eux et peuvent potentiellement se révéler tout aussi dangereux.» A relever que si l'on raccourcit la laisse de trois types de chiens dans le canton de Vaud, à Genève et en Valais, on pointe du doigt douze races.
La colère monte encore d'un cran lorsqu'on évoque la facture de l'autorisation de détention: 800 francs. Sonia, propriétaire d'un jeune amstaff croisé avec un pitbull appréhende de passer à la caisse: «Je suis révoltée de devoir payer autant. Ce n'est pas juste de nous imposer ça. Ces molosses sont des gros chiens qui coûtent déjà cher au quotidien: il faut les nourrir, les promener...»
Enfin les 1400 chiens concernés sur un total de 70 000 dans le canton devront subir des tests de conduite, d'obéissance et de maîtrise. Des examens dirigés par la vétérinaire comportementaliste du Service de la consommation et des affaires vétérinaires, auxquels prendront aussi part des assistants formés en cynologie.
Chère éducation
Une perspective qui, là encore, fâche les propriétaires de molosses: «J'ai déjà dépensé plusieurs centaines de francs pour l'éducation de ma chienne, s'insurge Yan. Elle a suivi des cours de dressage depuis toute petite. Lorsque je la promène, elle sait ce qu'elle doit faire et moi aussi.»
Cristiano, lui, milite pour des tests appliqués aux autres chiens aussi: «C'est bien qu'on prenne des mesures pour éviter les drames. Mais il faudrait les étendre à toutes les races.»
SOURCE: http://www.24heures.ch/pages/home/24_heures/l_actu/vaud/detail_vaud/(contenu)/240448
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