SERGE BELAIS PRESIDENT SPA :
Serge Belais : Je ne l'explique pas. Parfois comme pour d'autres incidents dramatiques, c'est la loi des séries noires. Que peut-on y faire ? Il y a peut-être un facteur qu'on a oublié de souligner jusqu'à présent dans ces accidents : la chaleur. Il a fait très chaud, au Havre comme en région parisienne. Or les chiens sont comme les humains – regardez le nombre d'automobilistes qui s'engueulent voire se tapent dessus lorsqu'il fait très chaud sur les routes – la chaleur leur monte à la tête et ils peuvent devenir imprévisibles.
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Serge Belais : Je tiens à souligner qu'il n'existe pas de chiens génétiquement agressifs, ce qui veut dire qu'il n'y a pas une race plus dangereuse qu'une autre. En clair, un teckel peut être aussi agressif qu'un rotweiller, un caniche aussi agressif qu'un molosse. Evidemment, il y a des considérations morphologiques à prendre en compte : une morsure de caniche est moins dangereuse que celle d'un pitbull, car en termes de puissance de la mâchoire, de corpulence et de musculature, nous sommes dans des catégories différentes. Un chien puissant peut faire plus de dégâts qu'un petit, cela relève du bon sens.
Tout serait alors une question d'éducation et de mode de vie ?
Serge Belais : Oui, c'est exactement cela. Pour qu'un chien soit inoffensif, il faut qu'il soit correctement élevé, socialisé et habitué à vivre dans un milieu urbain en compagnie des humains, grands et petits, depuis qu'il est tout jeune. Or, dans la plupart des cas décrits par les médias de morsures fatales, il s'agit de chiens qui ont été dressés pour être combatifs et agressifs, qui ont eux-mêmes été victimes de brimades et qui ont vécu parfois enfermés, solitaires, dans des caves et autres lieux clos. Les médias se focalisent sur les molosses : les pitbulls et autres staffordshires, des chiens qui ont été acquis par leurs propriétaires comme un signe extérieur de puissance, ou comme un moyen de défense et d'intimidation ; certains ont changé plusieurs fois de propriétaire. En fait, cela peut être n'importe quel autre chien. Une morsure de labrador peut-être tout aussi fatale que celle d'un pitbull. Rappelez-vous l'histoire de la femme greffée du visage : savez-vous qu'elle avait été mordue par un labrador ? Imaginez le battage médiatique qui aurait été fait si cela avait été un molosse. Il existe, à mon sens, un véritable emballement médiatique quant à ces chiens spectaculaires mais pas génétiquement agressifs.
Jugez-vous la législation actuelle adaptée ?
Serge Belais : Oui, totalement et il ne sert à rien de vouloir la durcir. Il suffit de la faire respecter. Je rappelle que si cela avait été le cas, notamment pour ce qui concerne la laisse ou le port de la muselière, ces incidents n'auraient pas eu lieu ou n'auraient pas été aussi dramatiques. De toute façon, il ne sert à rien de s'acharner sur les chiens – je ne défends bien évidemment pas ces morsures ! – mais j'ai souvent l'habitude de dire que le problème n'est pas au bout inférieur de la laisse mais là-haut, du côté du propriétaire.
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